lundi 24 mars 2008

On va à la neige

Si mes copains me voyaient, la honte aux joues.

La tenue des parents !!!!!
Ridicule.
Même Mémé elle le pense. Et avant de partir, a dit à mon père : "t’as beau avoir gagné au loto, les gens de la haute t’inviteront pas pour ça. Nouveaux riches ."

Nouveaux riches ? Sais pas ce que cela veut dire ? Riche, oui, de la tune, beaucoup, mais nouveaux riches ?
En attendant, il a fallut que je m’habille comme si j’avais 5 ans. Ridicule avec ces pantalons anglais, un short, oui, j’ai 11 ans.
Anglais, pff suis pas anglais, et je déteste l’anglais et la prof et la prof non plus m’aime pas, comme ça, tout va bien, pas de chichi, j’ai tout le temps zéro. J’aime pas l’anglais, parce que je ne peux pas prononcer le «ze». A chaque fois, je dois me concentrer, je finis par cracher, pas le ze, et tout le monde rit et la prof croit que je fais exprès et je me fais punir.

Mon père, prend des cours d’anglais, depuis qu’il a gagné au loto, il dit qu’il faut aujourd’hui savoir parler anglais pour ses affaires.
Parlons en de ses affaires. S'il n’avait pas gagné au loto avec son copain Michel, il ne prendrait pas des cours d’anglais pour ses affaires.
Il est mécano dans un garage mon père, alors ses affaires !!!

C’’est long.
On va prendre un avion privé, on attend le pilote qui a prévenu que sa femme accouchait donc il serait en retard.
Comme a dit ma mère tout bas, chuchotant à mon père, pourvu qu’elle n’ait pas une césarienne.
On parle pas de ça, à la maison, on fait encore les bébés dans les choux du jardin de Mémé, nous prennent toujours pour des idiots les parents.

J’étouffe avec cette écharpe. Mais m'man a peur que j’ai froid en arrivant à la neige.
Et eux, avec leurs manteaux, sont pas fous, en plein mois de juin ?

L’autre, la naine, elle se cache derrière son père, à chouiner comme toujours, et, j’en ai encore pris une. Elle voulait pas me prêter son Ipod. Je lui ai pris, et elle a gueulé comme si je lui avais arraché son sac.
J’ai mal aux fesses, j’ai trop chaud. Mes pieds vont exploser dans ces bottes trop chaudes, fourrées en peau de lapin.
J’ai pas eu le choix «si tu mets pas tes bottes, tu pars pas avec nous à Méribel.»
J’ai réfléchi, rester à la maison, c’était pas mal. Pas eu le temps de savoir qui j’allais inviter pour regarder le dvd porno qui est caché dans le tiroir de leur table de nuit que ma mère a coupé mes pensées.
- Tu ne resteras pas seul à la maison, tu iras chez Nanny et Grand-père. J’ai choisi le ski, chez mémé je m’ennuie. A la campagne pas d’ordi et leur téloche y’a pas canal.
Depuis le gros lot, on doit plus dire Pépé et Mémé, ça va pas être facile de tout changer comme ça.

Heureusement, les parents ont fait partir les skis avant nous, par train avec la nouvelle bonne. Oui, on a une bonne maintenant, ma mère elle sait plus quoi faire depuis, elle dit qu’elle s’ennuie à pas faire le ménage, la cuisine et la vaisselle.

On dirait qu’ils vont passer la revue du 14 juillet avec Chirac, tellement y sont raides dans leurs habits neufs les parents.
Tout est neuf, même les gros nichons de ma mère. La honte, elle les met dehors au balcon, et mon père lui dit rien. C’est vrai qu’il louche sur les gros nibards, c’est pour ça qu’il a dû demander des neufs à sa femme.
- C’est une fille, c’est une fille, hurle un monsieur, en courant vers nous.
- Dépêchons, dépêchons, dit mon père avec un ton que je ne lui connais pas.
Un ton de commandant. J’ai envie de rire.
- Suivez moi, l’avion va décoller, l’hôtesse vous attend. Vous n’avez pas trop attendu, vous n’avez pas trop chaud ?
- J’pourrai enlever mes godasses dans l’avion m’sieur ? J’pue pas des pieds ?
- Mais oui, mais oui, me répond gentiment le pilote, allez venez. Ah mais, il a une ptite sœur ce grand garçon , je ne l’avais pas vue.
Finalement j’ai eu raison de partir au ski, mes parents n’ont jamais fait de sport de leur vie, ils ne pourront pas me suivre et me surveiller.
C’est bien le ski en Juin à Méribel, mes copains vont pas en revenir.
- Dis maman on prendra des photos ?
Parce que si je ramène pas des photos, ils ne me croiront jamais, moi, le fils du mécano.
-T’as fait du ski en juin ? Tu nous prends pour des billes.
Mon père, il a demandé à un policier de l’aéroport de nous prendre en photo, c’est la première de l’album que je ferai.

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