mercredi 17 juin 2015

Chez "soi", complices passifs

Chacun vit dans son « chez soi » et oublie que non, nous ne vivons pas seuls.
Nous sommes reliés, nous sommes un tout et, chaque personne dans son fameux » chez soi » existe.
Les voisins, les amis, la famille, la personne que nous croisons dans la rue.
Chacun refuse de voir ce qui se passe.
C’est ainsi que l’on retrouve des cadavres momifiés (et ce ne sont pas des pharaons).
C’est ainsi que des voisins d’un immeuble voisin pensent. Ils ne sont pas les seuls malheureusement.
Dix jours.
Dix jours que cette dame dans son immeuble ne répondait plus au téléphone, aux messages laissés sur son répondeur, n’ouvrait pas la porte aux appels et ou aux coups de sonnettes de voisins.
Ils ont attendu dix jours pour faire appel aux pompiers.
En démolissant la port de son entrée d’appartement, il ont  trouvé un cadavre.
Dix jours ! « oh, mais cela ne faisait que 10 jours… »

Bien sûr que sûrement, cette dame, même au bout de quatre jours aurait été trouvé morte.
Faut-il attendre dix jours pour « prendre soin de l’Autre » ?
De ceux que l’on ne voit plus depuis quelques jours, de ceux qui n’ouvrent plus leurs volets, de ceux qui ne répondent plus au téléphone ?

Combien de fois  des personnes dans la rue ont besoin d’aide sans que le passant agisse ?
Combien de fois un bras se tend pour aider ces personnes à marcher, trouver leur chemin, les aider à se relever ?
Qu’entend-on, lorsque l’on a le culot d’aider un ivrogne qui manque de se faire écraser par le tram ? « Laisser le, ce n’est pas grave, il est bourré ».
Comment nous regarde t’on, lorsque l’on se met accroupi, à la hauteur d’ Un Sans Domicile Fixe à qui on donne un sandwich à qui on parle ?

Le voisin se fiche de son voisin et des violences verbales qui le réveillent dans la nuit, ou l’oblige à aller à sa fenêtre ou son balcon dans la journée.
Il ne bouge pas, il n’entend rien, ne voit rien, ne dit rien. Il est spectateur, muet, aveugle.
Jusqu’au jour où il dira « Ah ! Si j’avais su » ! ».
Trop tard, il fallait que les voisins bougent, agissent avant ce trop fameux « trop tard ».

Combien de fois, la porte se ferme, lorsque on s’inquiète des autres ?
Intrus dans leur vie, nous avons osé demander « Tout va bien ? Vous avez besoin de quelque chose ? »
Personne ne propose d’aide à un ou une voisine avec ses béquilles.
Qui peut conduire ainsi ?
Qui peut aller faire des courses d’alimentation ainsi ?
Qui peut sortir son sac poubelle ?
Ce ne sont pas de grands ensembles où il y a mille appartements, ce sont des petits immeubles bien coquets, avec très peu d’habitant, ou que quatre appartements.

A contrario certains refusent catégoriquement de l’aide, et répondent «Je ne veux rien demander à personne ».
Ces personnes ne veulent en fait, rien « devoir ».
L’aide n’attend pas de retour, elle Est.

Combien sont plus préoccupés par l’animal de la personne que la personne elle-même ?
Il est plus aisé de s’apitoyer sur le sort d’un animal.
Faites-en l’expérience, promenez-vous avec un enfant et un chien. C’est le chien qui est beau, gentil, l’enfant est invisible.
C’est identique pour un Sans Domicile Fixe, c’est le chien qui est plus important que son propriétaire.

L’Etat est obligé de créer la journée des voisins.
L’Etat est obligé de créer la journée de la solidarité, de l’amitié…
L’Etat ne peut en aucun cas obliger à..
Ce n’est pas parce qu’entres voisins, ce soir là, ils auront partagé le pain et le vin que certaines mentalités changeront, le, « je me fiche de ce qui se passe chez le voisin, cela ne me regarde pas » !!!…
Il y a des Journées pour tout, y compris la journée de la gentillesse.
Les autres jours, on peut-être méchants, non solidaire, non voisin puisqu’en une seule journée, le rattrapage se fait.

L’entraide ne passe pas que par les associations, et si bien sûr, c’est important d’accompagner certaines populations en détresse dans ces lieux, il ne l’est pas moins de le faire autour de son périmètre de vie.
Juste comme ça, sans recevoir de médaille, de compliment de « AH ! C’est bien ce que tu fais dans cette association ».
Autour de soi, c’est invisible, c’est le faire avec le Cœur, c’est s’intéresser à l’Autre dont nous faisons partie.
Cet Autre qui un jour, frappera à notre porte pour s’informer d’un silence, d’une absence anormale.
L’entraide, ne pas laisser crever l’Autre, ne pas agir lorsque l’on est témoin de violences verbales.
Nous sommes complices passifs de notre non action, juste parce que nous vivons dans notre monde égoïste et que « cela ne nous regarde pas ».