vendredi 29 février 2008

La terre vous parle


La terre vous parle-t-elle ?
Vous est-il arrivé une fois d' entendre la Terre parler ?
Moi oui .... Partout où je suis. Elle n' arrête pas de me poursuivre, dans mon réveil, dans mon sommeil, sous ma douche, quand je marche, même quand je mange !
Elle est même sur ma table, elle n' arrête pas de me parler :

" Vous me fatiguez, vous m'épuisez, vous me déchirez avec vos bombes ...
Vous me poignardez avec vos missiles, vous faites trop de bruit ;
Je vous donne à boire, je vous donne à manger, et certains trouvent le moyen de laisser les autres mourir de faim ...
Je vous allaite dès votre naissance, et à la fin de votre vie, je vous reçois, je vous accueille, je me fais lit pour votre repos.

Je vous sucre, je vous pastèque, je vous aubergine, je vous amande, je vous mandarine, je vous fleure, je vous jasmine.
Je vous donne mes odeurs pour vous égayer,
Je vous emmène dans ma mémoire jusqu'à vos ancêtres.
Je me tapisse de neige pour vous distraire et de sable pour vous plaire.
Je me grotte, je me roche, je minéralise, je cicatrise vos blessures.
Je vous donne les fruits de mes entrailles,
Je vous porte, je vous emporte,
Je vous supporte, je vous transporte ...

Sur chacun de vous il y a mes empreintes, mes couleurs et mes accents ...
C'est par ma forme que sont formés les gestes de vos mains quand vous mangez,
De vos pieds quand vous dansez .
C'est sur moi que tout s'appuie ... votre équilibre vous me le devez.
Ne vous ai-je pas ouvert mon ventre pour répondre à vos besoins ?
Satisfaire vos caprices ?
Abriter vos corps ?

Si je disparaissais, où pourriez-vous planter vos arbres ?
Si je retirais mes eaux que pourriez-vous boire ?
Si je voilais mes beautés, que pourriez-vous voir ?
Si j' emportais mes céréales, mes fruits, mes forêts, mes océans, sur quoi iraient se poser les oiseaux ?
Sur quoi iraient courir les chevaux ?
Comment iriez-vous peindre vos gloires, vos victoires, vos guerres, vos misères, vos haines et vos amours ?

Quand vous suffoquez, qui vous aère ?
Quand vous vous chagrinez, qui vous console ? Vous cajole ?
Je me laisse labourer, vous me goudronnez,
Je me laisse vidanger, vous me nucléarisez ...

Attendez-vous à voir mes rivières sécher, mes montagnes s' écrouler ...
Ah je vous connais, ceux que vous avez enterrés m' ont tout raconté de vous.

Vous ai-je déprimés avec mes jardins ?
Vous ai-je stressés avec mes parfums ?
J' étouffe ...

Allez vous enterrer ailleurs, votre mort n' est plus dans ma vie.
Vous voulez le ciel, allez-y ! Grimpez dans l' air ... réinventez-vous une existence, mais sans moi.

Quand je suis arbre, vous me coupez.
Quand je suis céréale, vous me brûlez.
Quand je suis eau, vous me polluez.
Quand je suis fertile, vous me gaspillez.
Quand je suis Afrique, vous m'affamez.
Quand je suis pétrole, vous me pompez.
Quand je suis Nord, vous me modernisez.
Quand je suis Sud vous me sous-développez ...

Je n'en peux plus !
Qui pourra me ressourcer ?
Quel autre peuple pourra m' habiter ? "

Vous est-il arrivé une fois d' entendre la terre parler ? Moi oui ....

Raouf Ben Yaghlane -Vinciane Allebroeck - 28/02/2007

dimanche 17 février 2008

Ame

Avril 2007

Ame cachée, âme secrète,
Ame fâchée, âme en fête.
Ame centre de la vie de l’homme
Ame vivante, âme morte
Ame sans âme, âme sans cœur
Ame sans vie, âme qui vit
Ame muette, âme bavarde,
Ame sans mot avec des maux.
Ame douceur, âme piquante
Ame souffrante, âme guérie
Ame liée, âme dé-chaînée
Ame amie, âme son ennemie
Ame sereine, âme en peine
Ame en quête, âme arrivée
Ame déchue, âme évolue
Ame aimante, âme gagnante

Ame es-tu là ?

Quatre éléments

Eau qui lave les chagrins, eau qui abreuve les assoiffés, eau limpide ou boueuse, eau tu es vie si tu bouges, tu es morte croupie.
Eau qui berce de ton chant si doux mon âme qui entend le clapotis de l’Amour.
Eau qui noie le chagrin de tes souffrances.
Eau qui baptise l’union des retrouvailles, eau qui me baigne d’amour pour ces épousailles.

Eau source de vie, source d’union si tu le désires, toi qui y trouve ta force si tu le désires, eau qui te noie dans les souffrances que tu ne veux pas exprimer.
Eau qui fait ta force, puises-y ta volonté d’éclairer de mille feux, l’eau devient ton lit de noce avec la terre, le feu et l’air.

Eau, terre, feu, air, éléments de tes retrouvailles, un seul manquant et la force est inégale,
il manque il manque ce quatrième élément
Eau, sans toi, tes sœurs ne sont rien, elles sont, mais la ronde formée ne peut respirer l’Amour sans toi la force d’eau
L’eau que tu as bue, l’eau pure dans laquelle tu as baigné, plonges-y et gorges-toi de sa force.
La force manquante est ton eau, ton essence, ta gloire et ton éternité.

Plonge enfin, dans l’Amour, les lumières des épousailles t’accompagnent et tes sœurs témoins de ta noce, sont là,
Attentives à tes pas, elles savent ta fragilité, ta honte,
Lave toi dans l’eau si pure elle te fera oublier la haine dont tu fus vêtue, et le manteau qui te parera, sera léger, celui de l’amour, le vrai, l’Universel.

Laisse tomber celui que tu portes depuis tant de vies, celui si lourd qui t’a fait trébucher maintes et maintes fois, t’encombrant plutôt que te réchauffant.
La froideur de ce manteau, t’en souviens-tu, toi qui n’as su te réchauffer qu’auprès de l’Ombre qui t’as offert un feu si éphémère que tu as gelé ton amour ?
Ce manteau si sombre ôte le, comme une vieille peau qui te fait mal
Ce manteau qui t’a caché de la lumière, parce que tu as cru aux scintillements de l’Ombre, du faux pouvoir, de la haine, de l'aveuglement.

Le manteau léger dont tu dois te parer est celui de l’amour, de la vérité, le tien, celui que tes sœurs t’offrent pour te couvrir d’amour et te réchauffer au creux de leurs âmes;

Le feu te réchauffera d’amour, le vent asséchera tes souffrances, la terre t’accueillera dans son sein, et tu les retrouveras, toi, eau, qui les abreuveras enfin de ton amour, celui que tu n’as jamais perdu, celui de ton âme, celui de Faldona.
Souviens-toi de ce chant si doux qui vous berçait, celui de l’union, vous étiez quatre, tu t’es perdue dans les chemins caillouteux de tes vies, laisse toi bercer par l’amour de tes sœurs qui t’appellent, elles sont là, ne l’oublie pas.

Va Faldona, va, rejoins les sans honte, allume ton âme de mille feux, laisse l’ombre qui te refroidit, va, reviens vers ce que tu n’as jamais perdu, l’amour de tes sœurs.

pour Faldona, décembre 2006

dimanche 10 février 2008

Sur le macadam


L’homme allongé sur le macadam mangeait des fraises.
A ses côtés, une très longue chevelure rousse enveloppait le corps nu d’une diablesse aux longues mains quasiment diaphanes, posées sur ses genoux : elle méditait ; offrant sa beauté aux passants interloqués qui n’osaient s’arrêter, pour goûter à cette insolence des corps exposés.


L’homme prenait délicatement chaque fraise dans une coupe et, d’un geste lascif, la portait à sa bouche charnelle, teintée carmin par le jus de la fraise.
Les lèvres entouraient ce fruit, et d’un coup de dent sec, croquait. Le jus coulait le long de ses commissures. Son index droit, essuyait lentement cette coulure, d’une façon absente, il ne fallait pas que ce geste se substitue au plaisir sensuel que semblait lui provoquer, le jus de la fraise qu’il avalait.
Les passants les plus hardis, de loin, par fausse pudibonderie, regardaient. Cachés derrière leur lunettes de soleil, seul écran pour dissimuler leurs émois, réveillant pour certains une libido, qu’ils croyaient endormie depuis si longtemps, devant ce délicieux tableau.
Un léger frisson parcouru le corps dénudé de la jeune femme. Un homme s’enhardit et d’un geste vif, attrapa une étole de satin inutilement à terre et la jeta, plutôt qu’il ne l’enveloppa, sur la jeune femme, comme l’artiste couvre son œuvre.
Par ce geste plein de mansuétude, il a séparé ce couple enlacé, qui goûtait leurs lèvres. Il venait de casser les phantasmes de certains de ces spectateurs qui, debout, immobiles, silencieux, admiraient depuis un moment ce tableau vivant, posé dans la rue, telle une oeuvre d’art.


Consignes du texte : Ici

samedi 2 février 2008

Hymne à la Terre


O Terre, ma patiente et sombre mère, ta richesse n'est pas infinie.
Tu te fatigues à nourrir tes enfants; mais la nourriture est rare.
Les joies que tu nous offres ne sont jamais parfaites.
Les jouets que tu fabriques pour tes enfants sont fragiles.
Tu ne peux satisfaire nos insatiables espoirs ; te renierai-je pour cela ?
Ton sourire assombri par la douleur est doux à mes yeux.
Ton amour, qui ne connaît pas d'accomplissement, est cher à mon coeur.
Ton sein nous nourris de vie, non d'immortalité ; c'est pourquoi tu veilles sur nous.
Depuis des siècles tu composes des harmonies de couleurs et de chants et, cependant, ton paradis n'est encore qu'une triste ébauche.
Tes créations de beauté sont voilées du brouillard des larmes.
Je verserai mes chants dans ton coeur muet et mon amour dans ton amour.
Je t'adorerai par le travail.
J'ai vu la douceur de ton visage et j'aime ta lamentable poussière, ô mère Terre.

Rabindranath Tagore

Chant de la merci


À tous ceux qui très loin sont captifs
Dans le silence ; aux âmes enchaînées
Par la longueur des muettes années
En nul ne sait quels abîmes plaintifs ;

À ceux dont l’ombre a tant de murs sur elle
Qu’ils n’ont jamais pu donner de nouvelle
De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ;
Ceux pleins d’appels dont nulle voix ne sort,
Dont le secret cherche un mot qui l’emporte ;

Ceux dont le cœur bat sans trouver de porte,
À tous ceux-là - je ne sais pas combien -
Je viens. Je suis petit oiseau, je viens.
Je viens, je suis moucheron, un rien frêle.
Une aile. Et j’ouvre et je donne mon aile
Pour alléger leur épaule et mon chant
Pour délivrer mon âme à travers champs.

Je viens. J’ai pris dans leurs fers, à leur place,
Leur cœur en moi pour m’envoler avec.
Je suis le pleur jailli de leurs yeux secs,
Je souffre en eux, je lutte, je suis lasse,
J’ai faim. Je tremble en des rêves tout bas,
J’ai peur... Je suis ce que je ne suis pas,
Ce que je suis peut-être - jeune fille
Que le printemps entête et qui vacille
Avec ce cœur lourd de divin ennui
Qu’on ne peut pas porter seule - je suis
Celle blessée entre toutes qui pleure.

Et je serai les pauvres tout à l’heure.
Quand je suis eux je ne dors pas la nuit -
J’irai criant, pour qu’un cri nous soutienne,
Mes maux - les leurs - nos tâches, nos soucis
Avec leur bouche pauvre, pas la mienne.

Je serai vieille, veuve... morte aussi
Avec les morts. Je serai, quand la route
Fuit sous ses pieds, pâle, celui qui doute,
Tombe renversé dans le noir de Dieu
Et ne peut plus remonter au milieu
De ses dociles et douces prières.

Je serai lui - peut-être moi derrière,
Dans son abîme - Et peut-être, au bord bleu
Du Paradis, je serai sainte un peu
Pour ceux des saints emmêlés en ce monde
Les plus petits - dont la chantante foi
Veut s’envoler mais qui n’ont pas de voix.

Je viens, je suis, folle ou triste à la ronde,
Tous ceux qui sont...
Et quand je serai moi,
Moi toute seule, aride, sans génie,
Seule au lieu morne où la route est finie,
Seule au moment où le ciel obscurci
Ne s’ouvre plus ; quand, sans être entendue,
J’aurai ma voix et mes ailes perdues,
Déjà peut-être elles sont loin d’ici -
Quelqu’un viendra. Je l’attendrai dans l’ombre,
Un frère, un cœur entre les cœurs sans nombre,

Quelqu’un à moi viendra pour la Merci
Aider mon âme à se sauver aussi.

Marie Rouget

Dieu

Oui Dieu est un être et plus encore l'Être absolu, l'essence de l'être ou l'être de l'être sans lequel absolument rien ne peut exister la moindre fraction de mille seconde ; et Il est même "quelque chose" à quoi ne ressemble nulle chose connue ou inconnue.
Quant au "soi" c'est un être contingent qui se croit absolu.
Anonyme

Adage japonais

Ne perds pas la mémoire, car là où la mémoire est vivante, l'arbitraire ne règne pas.
N'oublie pas les chevaux écumants du passé, du fond des temps ils ont galopé jusqu'à toi et jusqu'à moi ; ils sont harassés et couverts de sueur ; depuis les steppes interminables des temps, ils nous ont rejoints dans l'aujourd'hui.

Sri Aurobindo

L'Homme est un être de transition ; il n'estpas le stade ultime ni le couronnement de l'existence sur la terre...

Satprem

"Le Mensonge est une invention de nos yeux, le Mal est une invention de nos yeux ; la douleur, la seule douleur, en vérité, est de ne pas voir du bon côté, car, si, une seule seconde, nous pouvions voir ce qu’est le monde vraiment sans tous nos faux regards de bien, de mal, de oui, de non, nous serions guéris à jamais, et le monde, sans changer une seconde de ce qu’il est en cette minute cruelle et obscure, serait complètement autre. C’est un voile de Mensonge sur une Réalité inimaginablement belle."

"Ça ne sert à rien de parler,il faut comprendre…Comprendre, ça ne veut pasdire savoir, ça veut dire être dedans."

Epitaphe anonyme XIème siècle

AU DIEU TOUT PUISSANT
DIEU DE TOUS LES PEUPLES
ET DES CHEFS DES ANGES ET DES NATIONS
TOI QUI ES HORS DU TEMPS ET DE L'ESPACE
ET QUI GOUVERNES TOUT
SELON LE POUVOIR DE L'AMOUR
TU ES EN MEME TEMPS
À L'INTERIEUR ET A L'EXTERIEUR
AU-DESSUS ET EN DESSOUS
ET QU'EN TOUT SEIN
SOIT MAGNIFIEE LA SAINTE TRINITE
POUR LES SIECLES DES SIECLES