samedi 7 novembre 2009

Temps d'arrêt

Illustration de Christian Arnould

"Je n’ai pas le temps !"
Combien de fois ai-je entendu ces mots ?
Plus le temps de rien, y compris prendre des nouvelles des proches.
Sont -ils si proches ces oubliés dans la course du temps ?
C’est ainsi que les silences s’installent au gré du temps qui passe.

La question devrait être posée ainsi
- est-ce que je vais perdre cinq minutes du temps que je n’ai pas pour savoir si mes proches vont bien ?
Cette question est déjà une prise de temps sur le temps.
Pas question de gaspiller ce trésor du temps, il faut mériter cette prise de nouvelles, être tiré au sort dans l’horloge des minutes perdues.

Gaspillage du temps que l’on amasse tout au long d’une journée, sans même avoir pris le temps de se pauser pour se poser la question : qu’ai je fait de si important chaque heure pour me rendre compte que je n’ai pas pris le temps de…?

Lorsque l’on veut on peut.
Prendre le temps.

Plus personne ne prend le temps et c’est ainsi que se perdent dans l’horloge des années, les amis, les connaissances qui respectent cette règle si souvent entendue : je n’ai pas le temps.

Si eux n’ont pas le temps de prendre le temps de téléphoner, il ne faut surtout pas transgresser cette perte de temps que sera un appel, juste pour demander : comment allez-vous ?
Et la réponse serait, bien mais, je n’ai plus de temps de rien faire et, en non dit, de téléphoner.

Est-ce que tout le monde est mis dans ce même panier des silences dus à la pancarte agitée afin de se déculpabiliser :
- je n’ai pas le temps, excuse moi.

Sûrement, et un jour, tout d’un coup au fil du temps qui passe, ces personnes sans temps, s’étonnent de ne plus avoir de nouvelle de leurs proches qui avaient pris du temps pour garder ce si précieux contact qu’est l’Autre.

Plus le temps de revenir en arrière, lourd bilan de la course du « je n’ai pas le temps »

Les amis se sont évanouis, ils n’ont plus oser prendre une minute de ce précieux temps.
C’est ainsi que se perdent les amitiés en hommage au temps perdu.
L’horloge du temps sonne chaque seconde le gong si fort du :
- je n’ai pas le temps.

Ce manque de temps a volé au fil du temps l’élan du Cœur qui se meurt tant dans l’indifférence du temps.
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vendredi 31 octobre 2008

Jamais le temps

dimanche 1 novembre 2009

Je n'irai pas pleurer sur vos tombes

Dessin de Zefyrane

Je n’irai pas pleurer les morts aujourd’hui.
Quels morts ?
Je n’ai pas de morts à pleurer. Impossible n’est-ce pas ?
Tout le monde a forcément un mort à pleurer.
Non, je n’ai pas de mort à pleurer.

Je n’irai donc pas sur une tombe, avec ces fameux chrysanthèmes, pauvres fleurs vouées aux larmes des morts, pourrissant sur des tombes.
Et puis, les morts n’aiment pas que nous allions pleurer sur leurs tombes vides.
Vides du mort, pleines d’un corps que l’âme a quitté joyeuse s’échappant vers d’autres cieux où les morts ne sont pas pleurés.
Les morts n’aiment pas les mouchoirs, les sanglots sur les tombes, les chrysanthèmes fanés.

La Toussaint, jour des morts.
Jour de tous les saints ce qui est différent, alors ce ne sont pas des larmes de peine, mais de joie en criant un : bonne fête tous !
Je ne pleure sur aucune mort.
Il est préférable pour moi de me souvenir de leurs rires, de moments passés ensembles, plutôt que d’aller pleurer sur un tombeau vide.

Comment faire comprendre à mes enfants qu’elles ne devront pas pleurer sur ma mort certaine. Impossible, alors, j’espère que de la haut, je leur sécherai leurs larmes en caressant leurs joues avec un sourire pour leur dire : vous voyez, je suis toujours vivante, chantez la nouvelle Vie que j’aborde et ne pleurez sur mes cendres que vous avez lancées dans la mer.

Je n’ai pas de morts à pleurer ou à implorer, je ne sais pas où ils sont, je les laisse en paix.

Je vous souhaite une bonne fête à vous qui avez fait partie d’une partie de ma vie de famille ou de passage ou aux inconnus.

Je n’irai pas pleurer sur vos tombes juste une pensée pour tous ceux qui dansent joyeusement au rythme de leur nouvelle Vie.