mardi 29 avril 2008

A toi, ma descendance,

Il y a bien longtemps que je voulais te parler d’Elle, pour que tu saches qui Elle est, toi qui ne l’as pas connue dans sa prime jeunesse.

Elle a des bleus qui ont fait pâlir les turquoises enfouies dans ses entrailles. Je me suis plongée dans la chaleur de ses eaux où les dauphins dansaient à la fleur de la vague. Ses torrents au froid de l’acier courraient joyeux de monts en monts, gorgés de la glace des massifs qui ont fait la gloire de certains alpinistes.

J’ai cueilli tant de ses fleurs odorantes, me suis reposée à l’ombre de ses arbres qui étalaient leurs branches feuillues, lorsque j’allais observer la faune amazonienne.

Je me suis nourrie d’Elle, Mère nourricière depuis la nuit des temps. Tel un prédateur, j’ai pris j’ai volé, me gorgeant des richesses qu’Elle m’offrait.

Bien sûr, je l’ai creusée, pour y planter de quoi nourrir ceux qui avaient faim. Mais voilà, Elle ne pouvait plus arroser ces graines, asséchée par la richesse technologique qui encrasse ses poumons, l’étouffe et tarit ses eaux.

Tout au long des vies, avançant, je lui ai laissé de nombreux souvenirs de mon passage. Je ne t’en ferai pas l’énumération trop longue, de ses centaines d’amis, qui oublient que la vie est respect. J’ai sali ses campagnes, empué l’atmosphère, tari ses sources qui m’abreuvaient. Je l’ai prise pour une poubelle et je l’ai tuée lentement.
J’ai chassé pour m’enrichir et pas hésité à tuer ses espèces menacées.
J’ai toujours agi en prédateur, refusant de voir que jamais je n’ai su protéger celle qui m’a toujours donné.

Elle n’a pas toujours bon caractère, Elle se révolte, me rappelant ses lois : ouragans, assèchements, tremblements, autant de supplications qu’Elle m’envoie, si aveugle et sourd..

En lisant cette hommage, comprends, toi qui ne l’as pas connue à son apogée que, sans Elle, tu ne seras plus rien.

Sa vie recule et je l’ai bafouée, tel celui qui croyait à son immortalité. Son cœur bat, lutte encore pour ne pas mourir sous mes mains assassines.

Prends conscience que sa beauté peut renaître, lorsque tu prendras conscience que sans elle pouls de ta vie, tu risques de tout perdre et que tu te dois de la protéger.

Je te lègue la Terre, source de ta vie future, sa richesse te fera bien plus vibrer que tout l’or qui lui a été volé et que je pourrais te laisser.

Je te demande de l’aimer, de la respecter, Elle qui a été si forte , aujourd’hui si affaiblie que je crains qu’Elle ne puisse se relever sans toi.
Les mots sont pauvres pour te décrire sa beauté qui se fane.
Elle est si belle, si douce encore, ne la laisse pas s’éteindre toi qui ne l’as pas admirée dans sa luxure verdoyante pleine de vie.

Il ne suffit pas de dire, je sais, je t’ai souvent entendu le dire. Engage-toi à l’Aimer, cette Terre si belle, même si tu n’admires sa beauté que par des photos et des reportages vieux de milliers d’années.

C.F

Texte inspiré, écrit dans le cadre de la consigne 68 de paroles Plurielles : Dans une lettre, éloge de l'autre


Larmes

Avril 2008

Les larmes sont joies, les larmes sont peines, les larmes sont Vie.

Mes yeux sont secs d'avoir trop pleuré.
La Vie est là, mais qu'est-ce que la Vie sans la vie ?
Condition humaine, la vie fait marcher.
Objectifs sacrilèges qui prennent leur source dans la condition de la vie de l'humain.

La Vie intérieure est morte ou endormie depuis si longtemps qu'elle ne résonne plus de son écho de Gloire qui est Félicité.
La Vie est là mais sans le Coeur de l'âme.

La Lumière éclairante, projecteur de l'Amour s'est éteinte, laissée emprisonner par l'ombre qui luit de son lourd poids d'anéantissement.
Les larmes sont retrouvailles, les larmes sont rires.

Tel le fleuve qui se gonfle de tant d'eau versée, mes larmes ont ravagé mon corps, laissant un immense désert aride à re-construire.
Larmes oh combien inutiles puisque, seul le soleil de mon âme pourrait tarir l'ombre, afin que brille en mille éclats le cristal si pur qui prend source en chaque âme et laisse verser l'unique larme d'amour que j'attends d'Elle.