mardi 1 mai 2018

Ma vie s'efface

Dans les profondeurs de ma mémoire, je perds tout.
Je perds le jour, je perds le moment présent, je perds la mémoire et j’oublie que j’oublie.
Tout oublier !

Mais je n’oublie pas tout et je souffre de savoir que je perds chaque minute qui vient de passer.
Quel jour sommes-nous ?
Quel jour sommes-nous ?
Chaque jour, je veux aller à la banque et faire des courses.
Je n'ai pas d'argent.
Je n'ai rien à manger.
J'achète ce que j'ai déjà, je me retrouve avec deux journeaux du même jour, trois boites d’œufs.
Je cache mes bouteilles d'alcool, je ne les retrouve plus. C'est mon aide à domicile qui les vole.
Je ne sais plus ; je sais que j’oublie et je refuse de reconnaître que j’oublie, je souffre de voir ma mémoire partir.
Je ne supporte pas de me perdre dans les méandres de ma mémoire qui ne se souvient plus.
Moi j’ai fait ça ? Moi j'ai dit ça ?
Ce n'est vrai, ce n'est pas vrai !
On ne me dit rien.

Je redemande ce que je viens de demander pour la… ? 
Je ne sais plus combien de fois je l’ai demandé, j’ai oublié
J’apprécie aussi d’oublier, je souffre moins. Je ne range plus rien dans les tiroirs de ma mémoire.
Je sors les anciens souvenirs, les anciennes années. Et cela commence à s'effacer.
Ce qui s’est passé hier ?
Qu’est ce que j’ai fait hier ? Quel jour était hier ?
Quel jour sommes-nous. Je me trompe d'heure, je commence à ne plus reconnaitre certaines rues.
Je ne sais plus à quelle heure j'ai rendez-vous.
Tout le monde parle contre moi et cela me met en colère.
On me démolit.

Je sais que je ne suis plus capable de faire certaines choses. Je dégringole, et quelques fois, je me rends compte que je dégringole. Un instant de lueur, bref, très bref.

Ma mémoire me joue des tours, je n’aime pas sa façon de me gérer.
Je voudrais tout oublier et me laisser glisser, ne plus rien savoir de ma mémoire qui décide à ma place.

Je voudrais oublier, oublier à en perdre la mémoire pour ne plus souffrir de me voir flancher et dégringoler.

Pour Claudine et ceux qui perdent la mémoire
@Cl.Fr.

mardi 17 avril 2018

En manque...

De tout
De rien.

Manque plus qu'ça,
Rime à rien

Manque criant
Aphonie

Manque le coche
Taxi !

Manque de peau
Affleure

Manque pas d'air
Tempête

Manque de chance
Roulette russe

Manque de bras
Cul de jatte

Manque à l'appel
Râteau

Manque son coup
Boxeur à taire

Manque pas le train
La Vie passe

lundi 16 avril 2018

Tartuffes


Prédateurs, menteurs, arnaqueurs en tout genre, passez votre chemin.
Vous vous cachez derrière un sourire enjôleur, une gentillesse qui existe et fait penser que vous êtes altruistes.
En fait, vous êtes cupides, incapables de générosité, il n'y a que vous.
Charmants, sous votre masque, vous utilisez ceux qui vous servent.
Ceux qui n'entrent pas dans votre panier, ceux qui ne vous offrent que ce qu'ils sont, vous les rangez dans un tiroir avec la mention, à classer mais peuvent servir un jour.
Peut-être.

Tout vous est dû. Il faut vous regarder, vous écouter, vous vous mettez sans cesse en avant avec votre fausse simplicité. Vous vous faites plaindre avec sourire, votre souffrance quémande une telle reconnaissance, afin que l'on puisse vous voir, vous entendre, vous écoutez, vous cajolez.
Vos soucis deviennent un long bramement qui feraient pleurer les pires chasseurs.
Vous, uniquement vous.
Vous ramenez tout à Vous.
Les Autres, vous ne les regarder que pour ce qu'ils vous rapportent.
Vous prenez, ne donnez rien, votre masque fait penser l'inverse. Vos mots font croire que les Autres sont importants pour vous.
Faux, tout est faux chez vous et vous êtes difficiles à démasquer, justement parce que vous êtes gentils, charmeurs et que vos complaintes souriantes font passer votre imposture.

Quelques mots, quelques attitudes posent des interrogations.
Cela passe.
Jusqu'au moment où, tout explose, éclate.

Piégés vous vous faites piéger seuls.
Vous avez posé la nasse qui enserre votre personnalité et fait tomber votre masque.
Regardez vous dans votre miroir narcisse, et ne vous noyez pas dans votre eau glauque.

Stupeur de la mise en scène si bien contrôlée, rodée, l'acteur que vous êtes était parfait.
Le rideau tombe.
Fin de la représentation.