mardi 29 janvier 2008

Dans la lumière des saisons, Charles Juliet

Les seuls chemins qui valent d'être empruntés sont ceux qui mènent à l'intérieur.

Celui qui veut à toute force se rendre libre a beaucoup à souffrir et à se battre. Mais si un jour il arrive à jeter bas les murs de son cachot, puis à déboucher en pleine lumière, il lui est donné d'accéder à une certaine connaissance, et en lui, la peur, la haine de soi, l'angoisse et la culpabilité cèdent la place à une paix, une force, une foi en la vie qui feront que son cercle ira toujours grandissant. Alors sa main dont les doigts étaient comme des serres toujours prêtes à étouffer leur proie, sa main se décrispe, s'ouvre, et il comprend qu'elle ne servira plus désormais qu'à la caresse et l'offrande.

Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l'angoisse au consentement à soi-même. À l'adhésion à la vie.

À tout moment la vie abonde, ruisselle, irrigue ce quotidien auquel nous ne savons pas nous arrêter. C'est du plus ordinaire que filtre l'eau de la source. Mais il y a tant à débroussailler avant d'être à même de le comprendre, de l'admettre.

...une des tares de l'humanité : cette incapacité où nous sommes de nous exprimer avec clarté et précision, et de telle sorte que ce qui est formulé ne puisse être interprété. Un homme se raconte, cherche à livrer ce qu'il est, ce qui vit dans son coeur et sa tête, mais que passe-t-il de lui dans les mots qu'il emploie ? Tant d'incompréhension, de souffrances, de drames naissent de ce décalage existant entre ce qu'est un être et les mots à l'aide desquels il a l'illusion de se dire.

dimanche 27 janvier 2008

Tempête



La mer se déchaîne
Elle bat les rochers
Peut-être de la peine
Pourquoi le penser ?

L'écume blanche jaillit
En mille gouttelettes
Elle a peu-être pris
Des petites paillettes pour habit.

Son cri déchire la nuit
Elle se tord en convulsions
Elle n'a pas peur du bruit
Comme quand éclatent des bataillons.

Peu à peu elle s'apaise
Sous un geste imaginaire
Elle cède
Qu'avec Dieu notre père.

Sur l'eau apaisée
Le calme a repris son cours
Elle a maintenant passé
Le plus triste de ses jours.



El Biar, mars 1964

Tristesse

Pieds nus sur la grève
Ne sentant plus les durs cailloux
Il pense à la trêve
Qui l'attend dans le courroux.
Il se dirige lentement vers la très haute mer
Jetant au loin un regard déchirant
Il ne verra plus jamais sa douce mère
Son coeur sera désormais mourant.
Ce soir très tard à la veillée
Le regard perdu dans les mots
Ils reparleront du passé
On ressortira les photos.
Tel est ce jeune adolescent
Qui pareille à une feuille en déroute
Se laisse porter par le vent
Parcourt cette très longue route
La vie
El Biar janvier 1964

Illusions

Illusions...
Perdues, retrouvées
Non ?
Hier encore !
Je vous attends donc.
Oui mais ...bien sûr.
Pourquoi ?

Illusions
Souvenirs, soupirs
Chaudes caresses.
Encore de l'espoir.

Pourtant, illusions...
Peut-être,
Chose certaine
Je t'aime.

Février 1969




Pluie

Pluie qui tombe derrière mes carreaux
Tu ressembles trop à mon esprit
Tu ruisselles lentement sur Paris
Comme mon coeur pleure sur ma peau.


Tu vides les rues, mouilles le passant
Tu ris d'un parapluie retourné
Mon visage est trempé
Il vaut mieux t'accuser en riant.


Mes yeux embués par ton eau,
Tes gouttes coulent sur mon visage,
J'offre mon coeur au vent de passage
Pour qu'il sèche ma peau.


Quand une bourrasque te chasse
Tu t'attardes, tu pars à regret
Tu attristes la ville, détruit sa quiété,
Comme la peine envahit ma vie lasse.


Mes yeux sont un torrent de larmes
Ce n'est plus la pluie, je vais pleurer.
Le vent qui souffle me fait frissonner.
Il me protège, je suis sans arme.


Pluie il va falloir nous laisser.
Place au soleil et à sa chaleur.
Il séchera ma peine et mes pleurs.
Pluie, tu pleures ?

Tu ne me fais plus d'effet.

Paris octobre 1974

samedi 26 janvier 2008

Médium

Médium, ce mot commence par la lettre "M" et fini par la lettre "M". Parce qu'un médium est celui qui "M".
Tu veux devenir médium ?
Alors il te faudra commencer par le début.
Tu devras re-naître pour devenir cet Homme nouveau qu'implique toute médiumnité.
Il te faudra abandonner toutes tes certitudes, toutes ces conceptions qui te font aujourd'hui.
Il te faudra apprendre à croire, parce que croire ça n'est pas comme on croit.
Il te faudra apprendre à croire en toi avant de pouvoir croire en nous.
Il te faudra apprendre à accepter et à admettre que cela puisse être possible avant de croire vraiment.
Il te faudra apprendre que d'autres choses existent, ailleurs, différentes, avant de pouvoir dire : "Je crois".
Il te faudra apprendre à t'aimer toi-même, tel que tu es avant de pouvoir nous aimer.
Il te faudra apprendre à te connaître toi-même, avant de pouvoir nous connaître nous.
Tu devras apprendre à aimer l'autre, avec sa différence, dans ce qu'il dit et ce qu'il pense et qui n'est pas toujours ce que tu dis et ce que tu penses.
Nous te révélerons à toi-même avant de te révéler ce que tu veux savoir.
Nous te montrerons toi-même avant de te montrer autre chose.
Nous te demanderons de mettre en pratique ce que nous t'apprendrons, pour que tu saches que certains choix paraissent faciles à faire, mais que les vivre peut-être plus difficiles.
Tu es libre et nous te laisserons le choix, le choix de faire tes choix et le choix de pouvoir les vivre ou non.
Nous te ferons gravir cette montagne en face de toi qui s'appelle l'Ego.
Bien souvent tu te combattras toi-même, bien souvent tu seras seul face à toi, pour t'apprendre et te connaître.
Plus tu combattras ton ego et plus tu apprendras que tout existe parce que c'est nécessaire.
Plus tu avanceras et plus tu apprendras que ton ego est là aussi comme un garde-fou et que si tu le maîtrises, si tu apprends à t'en servir, alors il deviendra un compagnon qui marchera avec toi et te servira.
Plus tu avanceras sur ton Chemin et plus tu apprendras l'humilité.
Plus tu sauras que le jugement que tu as pu porter sur d'autre ou que tu portes encore peut-être parfois est né de l'ignorance.
Tu seras confronté à ce que tu appelle le mal pour savoir qu'il existe mais surtout pour le voir, le reconnaître, le combattre et ainsi pouvoir faire tes choix, exercer ton libre arbitre et savoir que ta liberté s'arrête là où commence celle des autres.
Nous te mettrons parfois en face du mal pour que tu saches aussi qu'il est ce que chacun d'entre nous en pense.
Ce qui peut être mal pour toi peut être bien pour un autre.
Ce que tu pense être mal, peut en fait se révéler être un bien si tu le vois sous un autre éclairage.
Tu devras apprendre le discernement.
Mal ou bien, c'est déjà un jugement.
Nous te mettrons dans des moments de solitude intense et douloureuse pour que tu apprennes à vivre seul parce que nous ne sommes pas là pour vivre à ta place, mais seulement pour t'aider à vivre mieux.
Nous ne serons pas toujours là pour t'aider à faire tes choix, pour que tu apprennes à être un Etre responsable qui assume ses responsabilités mais aussi parce que tu es libre et que nous te laissons ta liberté, elle t'appartient.
Souvent tu seras confronté à un choix parce que la vie n'est faite que de cela et tu nous demanderas de t'éclairer, de te guider et nous ne le ferons pas, pour que tu apprennes à penser et à réfléchir par toi-même.
Nous t'apprendrons à exercer ce libre arbitre que les Hommes ont si mal employé jusqu'à présent.
Ils avaient, ils ont toujours le libre arbitre mais ne l'emploient souvent qu'au service de leur égoïsme et de leur soif de pouvoir et de possession.
Nous t'apprendrons l'importance de ton libre arbitre, les droits et les devoirs aussi qu'ils te donnent.
Nous t'enseignerons l'importance de la vie, parce que nous en avons tous qu'une vague idée.
Tu devras laisser derrière toi tout ce en quoi tu croyais, tout ce qui semblait être important à tes yeux.
Tu te sentiras souvent comme celui ou celle qui se prépare à venir nous rejoindre.
Il te faudra "mourir" souvent et consciemment pour que tu saches l'importance de ta propre vie.
Tu es comme une maison dont il faut détruire les cloisons intérieures pour reconstruire un nouvel espace.
Tu pourras être même une maison qu'il faudra détruire totalement parce qu'elle a été construite sur des ruines et dont les fondations ne sont plus aptes à la soutenir.
Il te faudra t'accepter tel que tu es, dans ta propre Vérité avant de pouvoir entrevoir une parcelle de Vérité.
Il te faudra accepter que nous ne soyons qu'une étincelle et que c'est la somme de toutes les étincelles qui fait LA LUMIERE.
Lorsque ces mots, et d'autres, auront atteint ton cœur et plus ta tête, alors tu auras avancé sur le Chemin qui mène à toi-même et tu pourras commencer à aller vers l'autre, quel qu'il soit.
Lorsque tu auras vécu les choses depuis leur commencement, alors tu pourras continuer.
Lorsque tu auras médité longuement sur tous ces mots que nous t'avons laissés, alors tu sauras que "médium" n'est qu'un mot parce que tu es un Homme.
Lorsque tu auras compris la porté des mots que nous te transmettons, alors tu seras un médium parce que le médium est celui qui aime même s'il ne comprend pas toujours pourquoi nous lui enseignons certaines choses et pas d'autres, pourquoi nous l'aimons au point de le laisser libre de choisir, de se tromper parfois, de souffrir souvent.
Quand tu auras compris que nous t'aimons même dans tes erreurs, dans tes peurs et dans ce qu'il y a de moins bon en toi, parce que nous savons lire dans ton cœur quand toi tu demandes à lire sur une page,
Alors tu seras un Homme debout, capable de croire et de vivre dans la vraie Foi Universelle, celle qui n'a pas besoin de trône (qu'il soit religieux, dogmatique ou médiumnique) pour s'asseoir.
Puisses-tu trouver en toi la Paix dont tu as besoin pour atteindre ton seul objectif, le seul qui soit vraiment, devenir meilleur.
Etre de Lumière anonyme

mercredi 23 janvier 2008

L'offrande lyrique

Si l'immortalité n'est pas cachée au coeur même de la mort,
Si la joie de la sagesse ne jaillit pas du fourreau de la douleur,
Si le péché ne meurt pas de sa propre divulgation,
Si l'orgueil ne succombe pas sous le poids de tous ses hochets,

Alors, d'où viendrait cet espoir, qui contraint tous les hommes à quitter leurs foyers, pareils à des étoiles qui courent à leur mort dans la lumière du matin ?
Le sang des martyrs et les larmes des mères perdraient-ils toute valeur dans la poussière de la terre ?
N'achètent-ils pas le Paradis ?
Et à l'heure où l'homme brise ses liens mortels, la Divine Liberté ne lui est-elle pas révélee dans l'instant ?
Rabindranath Tagore

Une nouvelle Humanité, Sri Aurobindo

Il vient enfin, le jour prévu d'antan,
Ce que Jean de Patmos a vu, ce que Shelley rêvait...
L' Âge de Fer est fini.
Seul maintenant,
Un dernier spasme féroce du passé mourant Secouera les nations, et, une fois tombé,
La Terre lavée de ses maux, lèvera un front plus vrai...
Car l' Âge de Fer prépare l'Âge d' or,
Ce que nous appelons péché N'est rien que le restant des abysses de l'homme...
Il laisse derrière lui le mal au milieu de luttes et de douleurs
Car le mal s'accroche et sans cesse revient,
Il brûle férocement dans le feu de la souffrance
Pour mériter plus de douceur, pour gagner plus d'intensité
Il grimpe vers le bien avec des ailes de Titan
Et c'est pourquoi son haut malaise,
Car il était venu des infinitudes
Pour bâtir immortellement avec des choses mortelles
Pour emplir le corps d'une âme grandissante
Etendre le droit du Ciel sur la terre douloureuse
Et passer de la mort à une naissance plus divine "

Le prophète, Khalil GIibran


Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré, Paulo Coelho

J'avais l'impression d'avoir vécu la même journée pendant des années et des années...

Je me suis souvenue de tout le temps passé à lutter pour ce que je ne désirais pas. Pourquoi avais-je fait cela ? Peut-être parce que j'avais eu la paresse d'imaginer d'autres voies. Peut-être par peur de ce que les autres allaient penser. Ou parce qu'il faudrait se donner trop de mal pour être différent. Ou encore parce que l'être humain est peut-être condamné à refaire les mêmes pas que la génération précédente jusqu'à ce qu'un nombre déterminé de personnes commence à se comporter autrement.
Alors le monde change, et nous changeons avec lui.
...le destin me donnait maintenant la possibilité de me changer moi-même et d'aider à transformer le monde. ...les aventuriers étaient ceux qui, les premiers avaient décidé de découvrir les voies d'accès.
...le premier alpiniste sentait ce qui était intéressant : accepter le défi, et aller de l'avant. Savoir qu'aucun jour n'est semblable à un autre, et que chaque matin comporte son miracle particulier, son moment magique, où de vieux univers s'écroulent et de nouvelles étoiles apparaissent. Bienheureux ceux qui peuvent faire les premiers pas.
Un jour, les gens sauraient que l'homme est capable de parler la langue des anges, que nous détenons, tous autant que nous sommes, les dons de l'esprit saint et que nous pouvons accomplir des miracles, guérir, prophétiser, comprendre.

Liberté

6 mai 2007
La liberté s'en va sous de faux sourires.
La liberté n'est plus malgré la démocratie.
Peuple s'en est fini de nos libertés, nous entrons dans un monde polissé et policé.
L'amour du pouvoir a gagné mais que pouvions -nous faire ? Tout et rien. A nous de montrer maintenant que nous ne voulons pas d'un Etat de dictature.
La liberté d'agir est de nous rebeller par l'Amour, cela personne ne pourra jamais nous l'ôter. Ames debout, il est encore temps de réagir avec force, ne laissez plus pleurer la terre.
Réagissez, ne vous endormez pas, nous devons agir, Debout, ne vous accablez pas, réagissez.
La liberté du cœur est en vous, ne pleurez pas il est trop tard mais devant vous est la Lumière, gardez en vous la Liberté d'agir avec Amour.

Ecriture inspirée

Qui suis-je ?

Je Suis ce que je Suis. Mais qui suis-je ?
Une âme en quête d’Amour, afin de re-naître à l’Amour. Je suis ce que j’ai été, mon origine première, afin d’aller au travers de mes vies, vers moi, vers Lui, pour donner l’Amour. Je suis ce que j’ai créé, ce que j’ai semé pour en récolter les fruits aujourd’hui dans l’instant du moment des retrouvailles, de l’Union.
Je suis ce que je désire Etre et non plus ce que j’ai été.
Je Suis, telle devrait être mon unique réponse, lorsque j’aurais trouvé la réponse à mes qui suis-je ?
Aujourd’hui je suis dans l’avancée de mes re-trouvailles pour que je Sois demain dans l’Amour. Faldona
Septembre 2007

Atelier d'écritures

Il y a des mots qui blessent, plus secs qu'une gifle donnée par colère.
Il y a des mots qui chantent en les lisant, la musique que l'on écrirait pour eux, seraient une surcharge.

Il y a des mots, aussi doux que la soie, aussi chatoyant que la moire, aussi beau que la vie.

Il y a des mots imprononçables, trop douloureux à nos vieilles blessures.

Il y a des mots qui s'écrivent pour former une phrase et, aux fils des pages feront une lettre au bas de laquelle, je n'oublierai pas de signer afin de te l'envoyer.
_____________________________________________________
Ne t'étonne pas si je suis si maigre, je ne suis pas une oie que l'on gave de mots.

Tes mots si lourds de sous-entendus que tu me donnes depuis tant d'années, m'ont provoqué tant d'indigestion.

Je me suis mise au régime afin de digérer la pesanteur de notre vie.
Je sors de ta vie, comme je sors de table, pour ne plus être nourrie par tes aigreurs.
_______________________________________________________
Et toi, tu es aussi doux que la soie, aussi flamboyant que le rouge du coucher du soleil, aussi peu bavard qu'un mur et, tant à l'écoute du confort de tes hôtes, mon cher canapé.
______________________________________________________
Le voisin habite là depuis longtemps. Sur l'oeilleton un bout de papier punaisé : bonjour et bienvenue.

La voisine emménage, grande, sèche comme son chignon tiré au sommet de son crâne.

Le voisin ouvre sa porte, surpris par le bruit.
La voisine porte un lourd carton, le voisin lui propose de l'aider.

"Non", dit la voisine, "mon chat est dans ce carton et n'aime pas les étrangers".
______________________________________________________
Peut-être qu'un jour j'aurai le pouvoir de rendre tous les hommes bons.
Peut-être qu'un jour je retrouverai tous ceux perdus au long de ces années.
Peut-être qu'un jour je coucherai là, sur une feuille, des lettres qui formeront des mots, des phrases, un livre.
Peut-être qu'un jour j'enlèverai ce peut-être pour être dans la certitude de ce que je suis.
Peut-être qu'un jour, je m'assoirai sur le croissant de lune en regardant la terre du haut de mon perchoir.

Drap, 2007

Où es-tu maman ? Roberte Colonel

"Enfant du hasard, j'ai besoin de savoir de comprendre."
"...parler à la première personne n'est jamais facile, dire je, est prétentieux et dérangeant."
"J'entends ces mots rabâchés par ma mère nourricière : ta mère est une pute. Est-ce la vérité que j'entendais ?"
"...j'ai le mal de toi, tu m'as tant manqué."
"Je n'aurai sans doute jamais de réponse à mon abandon."
"...je ne suis pas orpheline mais abandonnée, personne n'a voulu de moi."
"...que son choix avait été un homme plutôt que sa fille ! Je ne pouvais être qu'une misérable."
"Ma communion solennelle aurait dû être un moment important de mon enfance, ce fut au contraire un martyr. Aucun repas exceptionnel, aucun cadeau, aucun invité.
...mes amies étaient joyeuses, très entourées."

samedi 12 janvier 2008

Crimes exemplaires







La confession

Comme il est difficile pour moi de l’entendre.
Elle murmure, plus qu’elle ne parle. Le ton est si bas, que je dois faire un effort d‘écoute. J’égrène mon chapelet, tripote ma croix.
Il fait si froid, j’ai froid, il fait sombre, j’aimerais bien somnoler.
Elle prend son temps pour me raconter sa vie, emmitouflée dans son manteau, elle, n’a pas froid et peut prendre son temps.
J’entends des talons claquer sur le sol, des livres qui se ferment, des murmures de prières, je sens un courant d’air.
Et j’écoute, sans intervenir, je voudrais que cela cesse.
Les adultères murmurés de madame Minérale me gâchent mes nuits, je n’en dors plus.

Je me lève, tandis qu’elle continue sans mon écoute, à détailler ses rencontres adultérines.
J’arrache le crucifix pendu au confessionnal et la poignarde par où elle a péché.
Son corps, mollement tombe, il ne me hantera plus.
Je lui donne l'extrême onction.
_______________________________________________________________
Le tricot

Elle arrive presque en courant et me gifle.
J’ai fait griller l’ampoule de son lampadaire qui l’éclaire quand elle tricote des heures entières.
Cette gifle sera la dernière.
Je l’étrangle avec l’écharpe inachevée, l’épingle à son cou avec les longues aiguilles d’acier.
Je n’entendrai plus le tic, tic de ses aiguilles.
Je change l’ampoule, m’assois dans son fauteuil sous le lampadaire, prends une pelote de laine et monte des mailles pour me faire une écharpe bleue.

Il y a si longtemps que je voulais une écharpe bleue.

_______________________________________________________________
Pension de famille

Chaque soir, Anette arrive en retard au dîner. Dès qu’elle entre dans la salle à manger, Madame Harolde lui fait la remarque : « une pension de famille n’est pas un hôtel, soyez à l’heure. »
Anette rayonnante, franchit la porte :
- bonsoir tout le monde, excusez-moi du retard.
Un court instant, les cuillères restent en l’air, les têtes se tournent vers elle et murmurent un vague bonsoir.
La soupe est tiède. Madame Harolde nous fait attendre Anette et, la soupe refroidit dans la soupière sans couvercle.
Je déteste la soupe tiède. Je déteste Anette, si sure d’elle.
Elle fait exprès d’être en retard, pour que tout le monde la regarde. J’ai bien vu son manège.
Elle a pris la chambre que je convoitais, lorsque Mademoiselle Babou est morte. Une peste elle aussi. Dieu est son âme. Sa chambre, je la voulais, la fenêtre donnant sur le jardin. La seule qui donne sur le jardin.
Anette s’est installée avant que je ne rentre. Et Madame Harolde ne lui a pas dit que la chambre, m’était promise.
Cette soupe tiède, quelle horreur. Et un dîner de plus pendant lequel il va falloir manger au galop. La cuisinière elle, devant partir à l’heure.

A la fin du repas, comme tous les soirs, nous allons au salon prendre une tisane.
Tiens Anette n’est pas là.
La fenêtre du balcon est ouverte, je m’y avance, il fait si chaud dans cette pièce. Anette est perchée sur une chaise. Penchée, par dessus la balustrade, elle tente d’attraper son foulard qui s'est envolé. Il est coincé à droite, sur le mur de la façade.
«Voulez-vous que je vous aide Anette ? »
Anette tourne la tête vers moi, surprise, elle ne m’a pas entendu avancer vers elle.
Je la pousse.
Déséquilibrée, elle bascule et s’écrase six étages plus bas. Le foulard s’envole et la rejoint lentement.
Sa montre s’est brisée, demain la soupe sera chaude et je pourrais déménager de chambre.

Je rentre, il fait un peu frais.
________________________________________________________________
Un repas sans fourchette
Je ne supporte plus qu’il mange avec son couteau. Cela fait vingt ans.

Je le regarde piquer son couteau dans le morceau de fromage, le porter à sa bouche et entendre ses dents racler la lame, lorsqu’il le retire.
Il mâche lentement, avale et recommence.
Il pique son fromage avec le couteau, le porte à sa bouche, racle la lame en le retirant.
Il n’a jamais su manger avec une fourchette, même la viande. Il n’a jamais voulu faire d’effort, pour moi, surtout au restaurant.
Il découpe minutieusement ses morceaux, avant de les piquer de son couteau pour les porter d’un geste lent à sa bouche, ses dents raclent la lame.
Cela fait vingt ans et aujourd’hui, le grincement de ses dents est très fort dans le brouhaha de la salle du restaurant.

Je le regarde, la tête tombée sur sa poitrine, la fourchette, enfin utile, plantée dans sa gorge.

Saint Martial août 2006

Le chant de l'éveil

D'ici là
D'un instant l'autre
L'inattendu adviendra
Quand les dieux habiteront l'intervalle
Du dire à l'entre-dire
Du don à l'abandon
Tout le respiré du printemps
Qu'un trait de sang retrace
La brûlure éclatant en bourgeons
Ivresse et soif demeurant intacts
Dans l'initial rythme retrouvé
Source sera nuage et nuage averse
D'ici là
D'un instant l'autre
Nous nous rejoindrons
Chacun en avant de soi
S'étend de ce qu'il ouvre
S'accroît de ce qu'il donne
Toute fêlure offrande
Toute en-tente
ex-tase

François Cheng

samedi 5 janvier 2008

L'Uni-Vers

Avril 2007

Juste des mots de mon coeur qui font le livre de l'UNIT VERS. L'UNIT VERS Toi, celui qui aime et lave de tous les péchés.
Des mots d'Amour vers Toi afin que je SOIS au fil du temps et de l'Univers.
Juste des mots piochés dans le livre de mes vies pour t'offrir en ce jour ma liberté d'aimer.
Juste des mots à offrir à l'Univers pour que chaque âme respire et soit à l'Amour.
Juste des mots qui décrivent la beauté de la Vie et la splendeur éternelle de la flamme qui nous relie Tous.
Juste des mots pour écrire ensemble le même livre, celui de l'Amour et de la Lumière.
Juste des mots d'amour pour que le livre que nous écrivons tous ensembles dans l'union de nos âmes, soit Lumière pour l'Univers afin que nous soyons tous UNIT VERS toi mon Père.
Faldona

Tolérance

Avril 2007

Tolérer jusqu’au, ne plus pouvoir,
Accepter en silence
Tolérer et rester sans mot, sans acte
Tolérer jusqu’à l’inacceptable.
Oh combien de fois la tolérance nous étouffe, caché derrière l’acte qui pourrait devenir irréparable : le jugement.
Tolérer jusqu’à l’inacceptable. Où est l’inacceptable ? Qui fixe l’inacceptable ?
Seul nous fixons l’inacceptable.
Le jugement est inacceptable mais qui n’a jamais jugé même sans le vouloir ?
Aimer l’Autre avec son âme, et non pas par charité, là est la tolérance. Tolérance, où est la frontière avec l’inacceptable ?
« Aimez-vous les uns les autres », tolérez vos différences qui ne sont pas seulement dans la race, la différence, la religion, la richesse ou la pauvreté.
Tolérez-vous dans vos différences
La tolérance est un état d’âme.
Faldona

De la voix

Je deviendrai muette d'avoir trop hurler de douleur devant la misère du pouvoir.
Ma voie ne sera pas leur voix. Je donne de la voix mais ils ne l'entendent pas. Leurs coeurs asséchés ne voient pas. Unissons nos voix pour que l'Amour soit l'unique voie.
Faldona

Mai 2007

mercredi 2 janvier 2008

Amis


Amis que j’ai rencontrés au hasard de la vie
Combien vous m’avez trahis
Ma porte toujours ouverte
Prête à vous consoler
Nos rires et nos joies résonnent encore.

La vie avance que reste t-il ?
Amis vous êtes partis
Sans laissez d’adresse
Il ne fallait plus que l’on rit ensemble

J’ai reçu de vos nouvelles par lettres d’avocats
Vous aviez témoigné de ma vie
Que vous m'avez inventée
Au profit d’un mari parti.

Au hasard d’une rue, amie, je t’ai rencontrée
Et là tous nos souvenirs heureux ont jaillis
Je me souvenais, c’était il y a si longtemps

Amie tu n’es plus, si étrangère à moi
Que tu m’as tendu la main pour me dire au revoir
Adieu donc.

mars 2007

Les maux



J’ai perdu le mot tendresse
J’ai oublié le mot caresse
Caresse du mot tendresse
Tendresse de la caresse

J’ai gardé
Solitude
Solitude du corps
Solitude du cœur

La solitude me caresse
Sans tendresse
Le corps sans tendresse
Le cœur sans caresse

Seule avec moi
Sans caresse ni tendresse
Juste le souvenir
Des mots

Douceur de leurs chants
Douceur des mots
Sans musique des mots
Il reste les maux

Avril 2007

La porte dans le mur


A bout, essoufflée, je tourne à droite. Peu importe où je vais.
Fuir, fuir la douleur que tu viens de m’infliger. Sèche, brutale, violentt, ton - Je prends le premier avion, je te quitte.
J’ai ouvert la bouche pour te répondre. Je n’ai pas pu.

Il fait encore sombre, il n’est que six heures. La pluie a laissé des traces d’humidité sur les trottoirs, des papiers volent, tressautent au gré du vent.
M’éloigner de toi, de cet hôtel où tu m’as emmené. Tu voulais te plonger dans les bas fonds de Londres. Créer «l’atmosphère», renifler les odeurs, t’imprégner des passants, des couleurs, surtout celles des murs.
Peut-on appeler ça de la couleur ? La grisaille t’inspire m’as-tu dit. Pas moi.
Il est vrai que je n’ai aucun talent d’artiste. Combien de fois me l'ai-je entendu durant ces années ?

Je veux me reposer de cette course folle. Courir, pour moi est difficile, je ne sais pas non plus courir.
Je dois m’arrêter, mes poumons de fumeuse vont exploser. Les rares passants s’écartent sur mon passage.
Peu importe où je vais, j’ai perdu le sens de l’orientation. Il faut que je m’arrête. Je m’engouffre dans une rue. Je m’appuie contre le mur, je reprends mon souffle.
La pierre est froide. Je me laisse m’écrouler sur le sol.
La rue est si étroite, qu’en allongeant les jambes je peux toucher le mur d’en face. Sur ma droite, une porte, au-dessus, une ampoule blafarde, allumée. Je suis haletante.
Cette impasse est immonde, sale.
Je me relève, frotte mon manteau qui doit être noir. Cela ne te plairait pas, toi, le méticuleux ne supportant pas un pli froissé.

Le mur qui soutient ma fatigue est humide. Il ne me réchauffe pas. Un mur ne réchauffe pas la froideur d’une rupture.

J’observe le mur d’en face. Noir de la crasse du temps, quelques graffitis obscènes. Belle atmosphère pour le peintre qui vient de me plaquer.
Atmosphère, ce mot dont tu me rabattais les oreilles. Cela me fait penser à la réplique d’Arletty, mais je n’ai pas, moi, « une gueule d’atmosphère », je t’ai fait fuir.
Où mène cette porte ?
Je ne sais pas où je suis, je ne sais plus qui je suis. J’ai oublié de penser par moi-même depuis que je vis avec toi, le peintre merveilleux, l’artiste reconnu qui m’a promené dans les musées, les expositions en tout genre.

Les papiers vieillis par le temps, délavés, s’amoncellent le long des murs de l’impasse.
Comment peut-on supporter cette saleté, en rentrant chez soi. L’ampoule est toujours allumée malgré le jour.

Toi, tu m’as façonnée, créée, comme une peinture. Avant toi, je ne m’intéressais pas à l’art, avec un grand A, comme tu me le répétais.
- Tu vas voir, cela va te faire regarder la vie avec d’autres yeux.
C’est ce que tu m’avais dit au cours de ce dîner incroyablement ennuyeux chez Sylvaine. C’est sûrement pour ça, que je t’ai écouté, à cause de ce dîner ennuyeux.

Tu m’as séduite par tes mots, ton regard et surtout tes mains. Tes longues mains posées bien sagement sur la table, que je regardais furtivement.
Tes mains dont j’ai suivi tant de fois la caresse sur mon corps. Tes mains qui transformaient une toile blanche, en tableau. J’étais éblouie, aveuglée par les couleurs de ta peinture, de tes mots.

Le ciel est nuageux, si bas, que j’ai l’impression qu’il va m’envelopper de sa grisaille.
J’étouffe dans cette rue, je me sens enfermée, il faut que j’en parte mais, je suis si fatiguée de ma course.
Cette porte fermée...

L’humidité du mur me transperce et ma douleur réapparaît, remonte lentement, me submerge, j’ai envie de hurler, je ne me le permets pas.
Ma respiration se calme. Je fumerais bien une cigarette. Je fouille mes poches, vides. Des mégots jonchent le sol. En les regardant, je revois le cendrier plein à côté de ton chevalet. Les larmes arrivent, les premières, je les refoule.

Je m’approche de la porte. J’ai envie d’y frapper, pour qu’elle s’ouvre, recevoir un bonjour souriant dans cette noirceur.
Que fais-tu en ce moment ? Je tente de t’imaginer. Fais-tu tes bagages ? Es-tu dans un taxi ? Déjà à l’aéroport ?
Je n’ai pas d’image, comme si ma souffrance m’ôtait toute mémoire de tes gestes.
Que vais-je devenir ? Trois ans que je suis derrière toi. Tu m’as tout appris. Tiens, j’ai même appris à me taire, tu es si brillant.

L’oreille collée à la porte, j’écoute. Pas un bruit. Je regarde l’heure, je n’ai plus la notion du temps, ma fatigue me l’a fait perdre.
Neuf heures.
Je n’ose pousser la porte. Si c’était un squat ? J’ai tellement entendu parler de ces squats bourrés de drogués. Toi tu l’aurais ouverte, tu n’as peur de rien.

Tu m’as quittée si violemment pourquoi ? Que vais-je faire sans toi ? Tu décidais de tout, j’aimais bien me laisse vivre.
- Je vais te prendre en charge, je saurais toujours anticipé tes désirs ; tu vas tout découvrir, laisse toi faire.
C’est ce que tu m’avais dit le jour où j’ai emménagé chez toi, vite, trop vite sûrement.
Oui, je me suis laissée faire.

Je m’oblige à pousser la porte. Elle s’ouvre sur la clarté qui m’éblouie. Coincée dans mes pensées entre ces murs noirs, je ne me suis pas rendue compte que le soleil avait percé les nuages.
Un terrain vague, du bruit, des klaxons, des enfants qui crient. Entre ces deux murs, je n’ai rien entendu, sourde à la vie.
Cette porte que j’ai osé ouvrir est celle de ma libération de toi, Adrien.
Je relève le col de mon manteau, j’ai froid, j’ai envie d’un café.

Saint Martial Août 2006