dimanche 14 juin 2009

Fernado Pessoa, des extraits

"Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde."
"La mort est le tournant de la route,
Mourir c'est seulement ne plus être vu"
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"Reconnaître la vérité comme vérité, et en même temps comme erreur ;
vivre les contraires, sans les accepter ;
tout sentir de toutes les manières, et n’être à la fin rien d’autre que l’intelligence de tout -
quand l’homme s’élève à un tel sommet, il est libre comme sur tous les sommets,
seul comme sur tous les sommets,
uni au ciel, auquel il n’est jamais uni, comme sur tous les sommets."
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"Nos certitudes ?
Ce jour est le jour,
Cette heure l’heure, ce moment le moment, cela
Ce que nous sommes, voilà tout.
S’écoule pérenne cette heure interminable
Qui confesse notre néant.”
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“Sois donc ton propre maître
Sans pour autant fermer les yeux.
D’une main ferme serre
Dans la mortaise de ton toucher
Le monde qui t’entoure,
Contre ta paume percevant
Autre chose que ta paume.”
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"Devant moi passe un papillon
et pour la première fois dans l'Univers je remarque
que les papillons n'ont ni couleur ni mouvement,
tout de même que les fleurs n'ont ni parfum ni couleur.
C'est la couleur qui est colorée dans les ailes du papillon,
dans le mouvement du papillon c'est le papillon qui se meut,
c'est le parfum qui est parfumé dans le parfum de la fleur.
Le papillon n'est qu'un papillon
et la fleur n'est qu'une fleur."
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"L'enfant que je fus pleure sur la route.
Je l'y laissais quand je vins être qui je suis ;
Mais aujourd'hui, voyant que ce que je suis n'est rien,
Je veux aller chercher qui je fus là où il est resté.

Ah, comment faire pour le rencontrer?
Qui s'est trompé en venant, au retour se trompera.
Et je ne sais plus d'où je suis venu
Ni où je me trouve. Ignorance où mon âme est en panne.
Que ne m'est-il donné d'atteindre en ces parages
Une élévation, d'où je puisse enfin voir
De mes yeux mes oublis, pour les remémorer!

Car, dans l'absence au moins, j'aurai de moi nouvelle:
Oui me voyant tel que je fus dans le lointain,
Trouver en moi un peu de quand j'étais ainsi !"

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